Présentation
- Clarinette et saxophone : Michel PORTAL
- Piano : Bojan Z
Clarinettiste et saxophoniste, Michel Portal revendique sa place de musicien inclassable. Jazz, musiques de films, musique classique, créations de toutes sortes nourrissent sa vie. MP85 (aux initiales de Michel Portal qui fête ses 85 ans), le dernier album que l’artiste a gravé pour le Label Bleu, avec divers musiciens dont Bojan Z, est la source d’inspiration de ce concert.
Michel Portal, un « passeur de souffle »
En écoutant votre musique, si empreinte de mélancolie, ne trouvez-vous pas, Michel Portal, que le titre “Passeur de souffle” conviendrait bien au concert que vous allez donner avec le pianiste Bojan Z ?
Passeur de souffle… Je retiens l’expression. Miles Davis m’avait dit qu’il ne faisait que passer… Finalement, c’est l’histoire de tout musicien.
Comment naissent vos thèmes, vos idées musicales ?
Les idées naissent de partout et de nulle part. Quand je suis allé en Arménie, je me souviens d’une maison en ruines qui m’avait frappé. À mon retour en France, un thème m’est venu tout naturellement. Un morceau du disque se nomme No Hay. Je lisais ces deux mots en Espagne sur des panneaux, et on m’expliqua qu’ils signifiaient qu’il n’y avait pas… de travail ! Le thème de ce morceau est très combatif.
D’autres thèmes que vous jouez avec Bojan Z paraissent, en revanche, comme des songes, des rêves éveillés…
Le disque MP85 a été enregistré au début de la pandémie. Elle nous a sidérés. On a eu envie de guérir mentalement, artistiquement, d’émerger de tout cela. La force des images est essentielle dans mes compositions et c’est aussi pour cela que j’ai écrit des musiques de film.
Cette diversité d’écritures, d’interprétations ne vous a jamais finalement jamais quitté, que vous soyez accompagné par des musiciens classiques ou de jazz…
Je n’ai jamais fait autre chose que foncer dans le brouillard sans me poser de questions. Depuis l’âge de douze ans. Je voulais savoir, par exemple, comment jouaient Charlie Parker et Lester Young… Et j’ai eu la chance de faire de la musique avec des gens extraordinaires. Se retrouver aux Etats-Unis, dans un studio, aux côtés du batteur Jack DeJohnette, c’est une expérience inouïe. Je n’ai jamais été autre chose qu’un musicien “hybride”. J’aurais pu être un musicien de jazz “pur”, mais je ne l’ai pas voulu. Je mélange tout. Regardez : je suis d’origine basque, Bojan est serbe et les autres musiciens de l’album sont belges et allemands… J’ai sans cesse l’impression de voyager. Quand j’ai interprété du Mozart ou du Schumann, en sortant de scène, je suis un autre homme. Le jazz, c’est encore autre chose. Vous savez, Mozart improvisait, lui aussi…. Finalement, je suis toujours en quête de la moindre parcelle de sensibilité, quelque part entre Mozart et Chick Coréa… La musique m’aide à vivre. C’est la seule chose qui compte.