À seulement 24 ans, Théo Ould est déjà l’un des représentants les plus prometteurs de la nouvelle génération d’accordéoniste, bien décidée à prendre en main l’histoire de son instrument. L’accordéon, Théo Ould le découvre à travers la musique de Piazzolla qu’écoutait sa maman. Mais quand il entre au conservatoire de Marseille et qu’il tient entre ses mains l’objet pour la première fois, c’est tout autant le son qui le fascine que l’engin lui-même, à mi-chemin entre le clavier d’un ordinateur et un vaisseau spatial : une machine pour jouer dans tous les sens du terme.
Le conservatoire national supérieur de Paris, il y arrive en 2015. Se nourrissant de tout ce qu’il peut y apprendre et de l’énergie de la ville, il en sort en 2020 avec son prix et les félicitations du jury. Il est au même moment lauréat de la Fondation Banque Populaire. Repéré par Gautier Capuçon, il assurera avec la violoncelliste Lisa Strauss les premières parties du Maestro au cours de l’été 2021.
Il est encore au CNSM quand il commence à se produire sur de nombreuses scènes grâce à ses rencontres musicales. D’abord, il y a Anthony Millet, un de ses professeurs qui l’embarque dans un projet un peu fou : le Quatuor Æolina. Quatre accordéons pour retranscrire des grandes œuvres orchestrales. Ils réinventent ainsi la Symphonie Fantastique de Berlioz, ou la Pathétique de Tchaïkovski.
En 2018, une histoire d’amitié́ et de musique donne naissance au Philia Trio. Trois jeunes musiciens (violon, violoncelle et accordéon) qui font un pas de côté́ par rapport au trio classique sans rien sacrifier de son exigence musicale. Leurs lectures vivifiantes leur permettent de graver un premier disque, Madness, en collaboration avec le Festival d’Auvers-sur-Oise, paru en avril 2022.
En 2020, la rencontre avec Florent Héau donne naissance à une nouvelle aventure. Entre le clarinettiste renommé et le jeune accordéoniste se noue une véritable amitié́ artistique.
Théo Ould est passionné par l’avenir de son instrument. Car l’histoire de l’accordéon est encore en train de s’écrire : son répertoire, sa technique et même son organologie.
Dans le sillage de ses professeurs au CNSM, Max Bonnay et Anthony Millet, il participe à cette réflexion artistique passionnante pour faire valoir la légitimité́ de l’instrument dans le répertoire classique.
C’est donc librement et sans les contraintes d’un héritage parfois lourd que Théo Ould joue en solo ce répertoire classique qu’il aime : Bach, Haydn, Mozart…mais il collabore aussi avec des compositeurs d’aujourd’hui comme Régis Campo, Thomas Gubitsch ou encore Philippe Hersant, enrichissant le répertoire de l’instrument et faisant valoir toutes ses capacités.
Éternel explorateur, métier qu’il voulait d’ailleurs exercer petit, il lance en 2022 sa série de podcast – ON/OFF – pour parler du métier de musicien, du son et de l’interprétation des artistes. Il reçoit à cette occasion des musiciens tels quel Lucile Boulanger, Gaëlle Solal, Théotime Langlois de Swarte ou encore…Erik Orsenna. La rencontre avec ce dernier donne instantanément naissance à une nouvelle collaboration.
À un ami jazzman qui lui fait la remarque que les musiciens classiques n’ont aucune liberté, Théo Ould réplique qu’il ne monte jamais sur scène sans improviser une interprétation. Ce féru d’opéra mais aussi de rock anglais envisage l’expression musicale comme un art total, souhaitant explorer jusqu’à ses limites ce territoire de création dévolu à l’interprète.
Cette expression passe avant tout par la musique mais la liberté́ de l’interprète, c’est aussi concevoir tous les aspects d’un concert : penser les textes, la scénographie, travailler la manière dont on s’habille, dont on salue. L’accordéoniste a l’énergie et le talent d’oser s’emparer librement des codes du concert classique non pas pour sacrifier la musique mais bien au contraire pour qu’on puisse l’entendre autrement ; en résonance avec notre époque.