Cie Les nouveaux Nez



Elles sont deux…

Il est seul…

 Lui ?

Un piano (qui n’a jamais vu ça de sa vie depuis son invention en 1698).

Elles ?

Rebecca Chaillot (pianiste de son état)

et Madame Françoise (qui ne répond toujours pas en donnée corrigée aux variations saisonnières)

Rebecca Chaillot, stakhanoviste du staccato, exécute le répertoire avec jubilation. Elle renvoie toutes les balles à Madame Françoise qui se pâme et pavane et défaille aux mélodies de Schumann, Schubert et d’autres chouchoux un chouïa moins connus.

Mais si Mozart ou Liszt ne peuvent décidément plus dormir sur leurs six oreilles, c’est que les bienheureux, ils se boyautent à nouveau ! Et c’est nous, public, qui succombons au détour d’une note suspendue, au bonheur de voir et d’entendre ces duellistes duettistes, chacune aux antipodes du grand meuble noir, ouvert, résonnant, tellement laqué qu’on peut s’y mirer.

"Ah, ces musiciens, ils ne comprennent rien

mais ils ont des grandes mains et des oreilles pointues"

La musique classique et le clown : strictement rien à voir. Pourtant, Madame Françoise et Rebecca Chaillot ont quelque chose à se dire et quelque chose à nous dire ; l’une en passant par le public, l’autre par la musique. Elles créent chacune leur langage solitaire, chacune aux antipodes du grand meuble noir, ouvert, résonnant. C’est un piano à queue précieux. Madame Françoise n’est pas une chanteuse comique et Rebecca Chaillot joue réellement la "Sonate pour piano" de Franz Lizst, partition ambitieuse du répertoire classique.